Le Défi pour la Révolution népalaise

Le Défi pour la Révolution népalaise – article du camarade Netra Bikram Chand ‘Biplab’

Les délires ultra-gauchistes sont pulvérisés…

Netra_Bikram_Chand

9 mois à peine après la trahison totale et définitive de la ligne “accordiste” et républicaine bourgeoise Prachanda-Bhattarai, un soleil rouge semble se lever à nouveau sur le pays himalayen. Alors que la “vieille garde” de “centre-gauche” (Kiran, Gaurav) avance encore ses échafaudages “consensualistes” et interclassistes (“Table ronde de tous les partis, avec les travailleurs et les paysans, les dalits et les minorités, les femmes et tous les opprimés” etc.), défendant “l’esprit de 2006 trahi par Prachanda et Bhattarai” ; le texte suivant, publié dans Red Front (nouvel organe de la ligne révolutionnaire en réorganisation dans le PCNU-M), parle clairement de balayer la ligne révisionniste pourrie et de mener la Révolution népalaise à son objectif premier, abandonné en 2006 : le Pouvoir populaire.

Netra Bikram Chand ‘Biplab’ émergerait-il comme le MAO ZEDONG DE L’HIMALAYA ? Il dégage, en tout cas, la jeunesse, la fraîcheur, la vision claire et précise, la détermination et l’optimisme révolutionnaire du jeune “Timonier” lorsque celui-ci, autour de 1930, reprît en main le Parti communiste chinois à la dérive, après la terrible déroute de 1927 et la faillite de la stratégie recommandée par l’IC…

QUE L’ESPOIR UNE NOUVELLE FOIS SE LÈVE ! VIVE LA GUERRE POPULAIRE JUSQU’AU COMMUNISME !

Le Défi pour la Révolution au Népal – Netra Bikram Chand ‘Biplab’

La direction de Baburam Bhatterai et Prachanda, dans la Révolution népalaise, s’est à présent désintégrée. Elle a montré l’émergence, à nouveau, de politiques droitistes et réactionnaires dans l’histoire du Népal.

La situation est devenue difficile, car leur direction a abandonné l’objectif d’une République populaire fédérale.

Mais, parce que la ligne prolétarienne dans le Parti est forte, le Parti n’a pas été endommagé et, même si nous faisons face à des problèmes temporaires, notre Révolution est sauve.

La principale tâche des révolutionnaires à présent est de relancer le mouvement en avant vers la victoire.

Il nous faut évaluer la manière dont Prachanda et Bhatterai ont dilué et corrompu notre ligne politique, et avancer une solution claire basée sur les points suivants :

  1. Le Programme d’Assemblée Constituante

netra-bikram-chand-biplav-1L’objectif de la Guerre populaire était une République populaire. Après 6 ans de Guerre populaire (GP), le Parti tint son Second Congrès et Prachanda déclara que l’appel à une Assemblée constituante (AC) était une tactique tournée vers l’objectif stratégique d’une République [populaire]. Dans cette même réunion, le débat s’engagea sur comment le premier pouvait s’accorder avec le second. Prachanda développa que l’établissement d’une AC validerait la GP.

Mais à présent, l’AC n’est pas un instrument pour mettre en œuvre notre programme, mais bien au contraire une arme contre celui-ci. Ceci prouve que la ligne capitulationniste de Prachanda et Bhatterai a été cultivée sous couvert de l’appel à la Constituante, et que la GP a été utilisée comme un mécanisme pour entrer dans les institutions parlementaires de manière opportuniste et réformiste.

Il y a eu deux faits marquants dans ce Second Congrès du Parti : premièrement Bhatterai a accepté la ‘Voie Prachanda’ ; et deuxièmement la rencontre de Prachanda et Bhatterai, avec Delhi en arrière-plan, a conduit à l’appel à l’AC.

Tous les dirigeants et les cadres savaient que Bhatterai était opposé à une direction centralisée, lors du 4e Plénum du Parti en 1998, disant que cela conduirait à l’autocratie et à la contre-révolution.

Les proches de Prachanda disaient que cela allait contre le principe communiste de centralisme démocratique, et que c’était du déviationnisme de droite. Notre Second Congrès mit fin au débat, la direction centralisée s’inscrivant dans l’idéologie du Parti avec la Voie Prachanda, qui devint, après trois mois de discussions, l’idéologie et la ligne du Parti.

Il est ironique que Bhatterai acceptât ceci, et devint son principal porte-parole. Nos Partis communistes frères, dans le monde, n’étaient pas d’accord avec cela [la Voie Prachanda]. Si nous analysons ces évènements en profondeur, nous réalisons en fait que Prachanda a persuadé Bhatterai d’accepter la ‘Voie Prachanda’, en échange de sa propre acceptation de la voie parlementaire…

Un autre point intéressant est que la revendication d’une AC, d’une table ronde et d’un gouvernement d’union soit apparue si soudainement au Second Congrès. Si nous demandions pourquoi il en avait été ainsi, Prachanda répondait intelligemment que c’était pour donner une légitimité à la GP.

Nous savons à présent que l’appel à une Assemblée constituante avait fait l’objet d’un accord entre Bhatterai et le gouvernement indien, six mois avant le Congrès.

  1. Étape et sous-étape dans la Révolution

Lorsque le Parti s’accorda sur l’AC, Bhatterai proposa une théorie des ‘étapes et sous-étapes’, à laquelle des camarades s’opposèrent initialement, mais qui peu à peu prit racine. Prachanda ne la critiqua jamais officiellement, mais dit à plusieurs occasions dans des réunions du Parti qu’elle était ‘bourgeoise et droitiste’. Bhatterai lui-même n’employa jamais le terme de ‘démocratie bourgeoise’ jusqu’à la prise de pouvoir directe du roi Gyanendra, et la dissolution du Parlement en 2004. Mais il est maintenant prouvé que les ‘étapes’ de la révolution proposées par Bhatterai visaient à fusionner la GP avec la démocratie bourgeoise.

  1. Développement institutionnel de la Démocratie Républicaine

Le Plénum de Chunwang, en 2005, déclara la tactique de démocratie républicaine en faisant alliance avec les partis réactionnaires. Cette tactique était entendue comme un mouvement temporaire pour paver la voie à une République populaire. Prachanda déclara clairement dans un document du Parti, que le Parti transformerait cette étape en RP, que les partis du statu quo essaieraient d’établir un capitalisme bourgeois et qu’à ce moment-là, la Révolution montrerait sa détermination. Tout le Parti était d’accord avec cela mais, après le soulèvement populaire (Andolan) de 2006 et la chute de Gyanendra, Bhatterai commença à utiliser le terme de ‘démocratie républicaine’. Nos cadres du Parti n’avaient jamais discuté en détail les implications du développement institutionnel de ce projet. Ce terme impliquait clairement qu’il s’agissait d’un État en faveur du peuple, mais pas du but stratégique du Parti. Cela n’était pas propice pour un pays semi-féodal, néocolonial comme le Népal, où les structures sociales sont restées les mêmes.

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Il a toujours été admis, dans le Parti, que la démocratie républicaine était une tactique transitoire vers une République populaire et rien d’autre. Notre stratégie restait tournée vers cette dernière. Mais le concept de développement institutionnel de Bhatterai a eu pour effet de geler cette transition, et de renforcer la démocratie capitaliste bourgeoise. Cela ne peut pas être l’objectif ultime d’un Parti communiste, et il est capitulationniste d’abandonner la révolution pour changer les structures économiques et sociales et les caractéristiques capitalistes générales de l’État.

  1. Paix et Constitution

À présent Prachanda et Bhatterai sont focalisés sur la paix et la Constitution, comme si tout le reste était illusion.

Ils veulent une Constitution bourgeoise et critiquent ceux qui veulent un règlement révolutionnaire pour la paix et la constitution. Le fait est que nous ne voulons pas une Constitution de caractère bourgeois, mais au contraire une Constitution qui garantisse les droits des paysans, des travailleurs, des janjatis, des dalits, des femmes et de l’Armée populaire. Rien de cela n’est mentionné dans les propositions qu’ils ont avancées.

Oui, nous avons besoin de paix et d’une Constitution, mais qui soient clairement définies. Ce que nous avons aujourd’hui pose la question de ‘comment pouvons nous apporter une véritable paix ?’ à ce pays, et ‘pourquoi avons-nous combattu dans la Guerre populaire’ ? Ce sont les questions sur lesquelles nous devons nous concentrer. Nous avions un type de paix et de constitution avant la GP mais, dans notre analyse, celui-ci n’était pas en faveur du peuple – bien au contraire. C’était un système qui ne reflétait pas les intérêts du peuple, mais seulement ceux des classes bourgeoise et féodale retranchées. Par conséquent, la grande Guerre populaire fut lancée et une paix et une Constitution en faveur du peuple furent mises en avant. Mais maintenant, ils essayent de reconstruire le système comme il était avant, et c’est inacceptable. Un système élaboré pour fonctionner en faveur de ceux qui étaient la classe dominante auparavant. Cela crée la nécessité de lutter pour un règlement favorable au peuple.

  1. Démocratie républicaine

La ligne politique de Prachanda et Bhatterai les a enfermés dans les limites de la démocratie républicaine bourgeoise. Les raisons qu’ils donnent à cela sont les difficultés pour les révolutionnaires, étant donné le rapport de force national et international. Ce n’est pas vrai ; et le fait est que cela les a conduits à une position droitiste et opportuniste.

Ce sont les mêmes personnes qui déclaraient que le précédent système démocratique bourgeois était réactionnaire, et qui dirigeaient la GP pour y mettre fin. Il est clair que les démocrates bourgeois favorisent le capitalisme et nous ferions erreur si nous croyions que ce système bénéficie à notre peuple. Ce sont ces mêmes personnes qui disaient que nous devions accomplir notre révolution et instaurer une République populaire, qui disent aujourd’hui que c’est une aspiration ‘ultra-gauchiste’ et ‘dogmatique’ allant à l’encontre d’une paix durable. Maintenant, leurs activités de collecte des noms des leaders révolutionnaires dans les districts et les villages montrent qu’ils ne sont pas seulement droitistes et capitulationnistes, mais fascistes. Nous savons que l’aboutissement final d’une démocratie capitaliste à l’époque impérialiste est le fascisme, et il apparaît que Prachanda et Bhatterai, en défendant et en mettant en œuvre ce système, travaillent à un tel dénouement.

En résumé

netra-bikram-chand-biplav-3Le Parti maoïste qui a initié la Guerre populaire, qui a organisé et administré les zones libérées et l’Armée populaire, était devenu le centre de la révolution internationale mais Prachanda et Bhatterai ont vendu ceci à Delhi, au Nepali Congress, à l’UML et aux forces de la réaction en annonçant la fin de la GP, le démantèlement des institutions de Double Pouvoir comme les Tribunaux populaires, les communes et l’APL. Sous leur direction, la Révolution népalaise s’effondre. Comment cela a-t-il pu arriver ? Pour répondre à cette question, nous devons revenir au point, durant la GP, où ils ont introduit l’AC et les ‘tables rondes’ comme deux étapes de la lutte, plan dont l’aboutissement logique était l’établissement d’une démocratie républicaine bourgeoise. Pour faire court, nous pouvons dire que leur agenda fut consolidé lorsque Prachanda a assimilé l’idéologie et la ligne de Bhatterai.

Responsabilités révolutionnaires

Leur trahison de la Révolution népalaise a ouvert une crise mais n’est pas fatale pour la révolution, nous pouvons et devons relever le défi. Nous avons par conséquent des devoirs et devons sans délai assumer nos responsabilités en nous concentrant sur les quatre points suivants :

1) Protéger notre idéologie révolutionnaire

Ils attaquent à présent le marxisme-léninisme-maoïsme, en l’utilisant pour affirmer que les conditions objectives spécifiques du Népal obligent la révolution à acquérir des caractéristiques capitalistes bourgeoises, et qu’elle ne peut pas être un modèle pour la révolution mondiale. Les communistes, en bref, doivent accepter une démocratie multipartiste dans un État bourgeois capitaliste. Pour cela, toutes nos structures de double pouvoir ont été démantelées, dissoutes et perturbées. Nous devons nous lever contre la dilution de notre pratique révolutionnaire. Nous devons contre-attaquer cette idéologie qui bloque la Révolution en établissant la démocratie bourgeoise et en renforçant le capitalisme. Il ne fait aucun doute qu’à présent la social-démocratie reflète la crise du capitalisme.

2) Formation de Centres révolutionnaires

Démanteler la direction de Prachanda et Bhatterai va laisser un vide que les révolutionnaires doivent combler. Ils sont déjà des révisionnistes de droite, quelle que soit la rhétorique ‘révolutionnaire’ qu’ils utilisent, et ceci est devenu un problème majeur devant notre Révolution.

La Lutte entre Deux Lignes dans le Parti a jeté les fondations d’une direction révolutionnaire, mais formellement Prachanda est toujours le leader du Parti, ce qui leur rend plus facile [à la droite] de mettre en œuvre leur programme révisionniste de droite, et rend plus difficile de mettre en œuvre un programme révolutionnaire. Si nous voulons résoudre ce problème, nous devons poser la question d’une direction révolutionnaire.

Netra_Bikram_ChandNous savons fort bien que la direction doit correspondre à notre idéologie, sans quoi nous ne pourrons pas accomplir la révolution. Si nous avons l’idéologie et la stratégie appropriée sans la direction qui va avec, rien n’avancera.

Il est communément admis, dans le Parti, que jusqu’à présent la situation a été favorable pour une révolution au Népal, particulièrement parce qu’il y a un désir brûlant de changement fondamental parmi les plus marginalisés. Mais Prachanda et Bhatterai ne se sont pas montrés préparés à représenter et organiser une telle éventualité.

Ils ne sont pas prêts à prendre le ‘risque’ d’une révolution. Donc, en pratique, il n’est pas si difficile pour nous de rompre avec cette attitude timorée et d’aller de l’avant avec audace.

3) État populaire alternatif

Seul un État populaire peut apporter une alternative pour les droits et la libération du peuple. Le capitalisme parlementaire ne peut remplir ces tâches, mais à présent, Prachanda et Bhatterai sont les porte-paroles de cette politique. Ils disent qu’il n’y a pas d’autre voie que la démocratie bourgeoise, et montrent bien combien leur pensée est devenue droitiste et capitulationniste. Ceci engendre des difficultés pour le peuple et nous devons protester contre cela.

Les structures de double pouvoir établies pour servir le peuple pendant la GP ont été intelligemment, graduellement et injustement détruites par Prachanda. Au service de ce but, Prachanda a rhétoriquement brandi le slogan de la révolution urbaine et beaucoup de sincères révolutionnaires l’ont cru, alors que l’agenda réel était de mener le Parti vers le parlementarisme bourgeois.

En fait, en dernière analyse, ceci est devenu contre-productif pour Prachanda.

Il y a maintenant de nouvelles opportunités pour réunifier le mouvement et la Démocratie populaire. Dans la comédie de l’AC, l’attitude de renforcer la démocratie parlementaire est devenue prévalente. Les droits du peuple devaient être éradiqués et l’on devait s’agenouiller devant les puissances internationales de l’impérialisme, ce qui a inspiré une puissante résistance populaire contre cette tendance.

4) Lutte révolutionnaire

Sans lutte, l’ancien ne peut mourir et le nouveau naître ; et tant que le système parlementaire est là nous devons diriger nos efforts contre lui. Après les élections pour la Constituante, nous n’avons pas essayé de réorganiser notre révolution. Les slogans les plus extrêmes de Prachanda n’étaient faits que pour leurrer les révolutionnaires.

Il y a des problèmes pour les fermiers et les paysans avec la restitution, par Prachanda, des terres expropriées aux zamindars (seigneurs féodaux). Il y a des problèmes pour les travailleurs, mais Prachanda et Bhatterai envisagent de leur retirer le droit de faire grève. Lorsque nous parlons de nos problèmes de souveraineté nationale, ils signent toujours plus de traités inégaux.

Ils ne prennent aucune responsabilité vis-à-vis des problèmes quotidiens affrontés par les gens ordinaires. Et ils critiquent les révolutionnaires comme ‘ultra-gauchistes’ pour soulever ces questions. Ces exemples prouvent qu’ils se préparent à interdire toute lutte future mais la ligne révolutionnaire est forte dans le pays et le peuple la soutient. Il n’y a pas d’autre alternative pour nous que de réorganiser les forces révolutionnaires dans les jours et les mois qui viennent.

Conclusion

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L’axe Prachanda-Bhatterai est d’ores et déjà discrédité au sein de la Révolution népalaise. C’est la réalité, car ils ont prouvé tout au long des six dernières années être des agents de la démocratie parlementaire bourgeoise. Ceci s’est exprimé dans le démembrement des structures populaires de double pouvoir, comme dans leur corruption financière personnelle. C’est une preuve de plus que l’agenda de Bhatterai, de sous-étape révolutionnaire, et l’adoption par Prachanda de ce stratagème, a conduit à leur abandon du communisme révolutionnaire pour la démocratie capitaliste bourgeoise.

L’alignement droitier dans le Parti doit être la cible des révolutionnaires, et ceci en accord avec les principes du MLM. Il doit être transformé et réintégré dans les forces révolutionnaires, ou éliminé. Après avoir identifié la tendance droitiste/réformiste dans le Parti, il n’en restera plus pour longtemps.

Il y a une alternative logique au système capitaliste parlementaire et c’est la République populaire qui abordera et résoudra les problèmes du peuple. Ceci sera accompli par les communistes et les démocrates patriotes, se donnant une direction en faveur d’une paix permanente et du développement et de la prospérité du pays.

Il n’y a pas d’autre voie et c’est une nécessité pour le centre révolutionnaire d’établir une République populaire. Nous devons accepter cette vérité et mettre en œuvre cette stratégie. C’est la responsabilité première des révolutionnaires et de ceux qui veulent mener la Révolution népalaise vers de nouveaux sommets.

Il faudrait être fou, ou aveugle, pour ne pas voir la RUPTURE et le SAUT QUALITATIF que constitue cet article. Jusqu’à présent (et depuis 2008-2009 à vrai dire), la “gauche” du Parti (Kiran, Gaurav, Badal etc.), c’était la défense de “l’esprit de 2006”, de “l’esprit de Chunwang”, de l’objectif quasi-stratégique de “Paix et Constitution”, objectif que Prachanda et Bhattarai auraient “trahi”. SLP, parmi d’autres, avait bien sûr appuyé ces prises de position, car il était positif que des responsables importants se dressent contre la liquidation totale et définitive du Parti, plutôt qu’il n’y ait rien. Mais pour la première fois, ici, l’article de Biplab ose dire que “l’on nous a fait avaler des couleuvres”, depuis le 2d Congrès du Parti (2002) en passant par Chunwang (2005), avec la prétendue “tactique” d’Assemblée constituante, d’alliance et d'”étape” républicaine avec les partis bourgeois, etc. C’est toute cette prétendue “tactique” suivie depuis 10 ans, ainsi que la “synthèse idéologique” de la “Voie Prachanda”, qui est clairement rejetée.

Mieux : Biplab met ici nettement en évidence la logique NÉO-BOURGEOISE qui sous-tend tout ce cirque… C’est ce qui rendait les “critiques” de 2006 incompréhensibles : “Prachanda a dit ceci”, “Prachanda a dit cela”, “il rejette Staline” (houlala ! graaaaaave !!!), etc. ; mais à aucun moment, n’était posée la question de la base matérielle de cette pensée liquidatrice. Ceci est, au contraire, parfaitement exposé ici : sous couvert d’une “tactique”, que tout cela aurait très bien pu être, et qui a servi à la faire “avaler” aux militants, une petite clique avait pour objectif stratégique l’instauration d’une République parlementaire bourgeoise, où elle pourrait se vautrer dans les ors du pouvoir. Une petite clique qui n’a, en définitive, mené la Guerre populaire que pour négocier sa place dans l’oligarchie. Bien évidemment, des milliers de paysans, de prolétaires et de cadres sincères du Parti l’ont menée pour une toute autre chose : la liberté, le pain, la dignité pour tou-te-s, la justice, l’émancipation humaine ; bref, la République populaire, qui mènerait le peuple du Népal de l’ordre semi-colonial semi-féodal vers le communisme. C’est entre leurs mains que repose désormais l’avenir de la Révolution, la poursuite du long chemin d’émancipation des masses népalaises.

À présent que la rupture idéologique avec l’escroquerie “accordiste” est consommée sur le papier, il reste à définir une stratégie adaptée pour la reprise de la lutte. Car dans le même temps, le ciel s’assombrit terriblement ! Prachanda et Bhattarai étaient la “carte” de l’oligarchie tant qu’ils “tenaient” le mouvement de masse (ces 40% de la population qui ont voté maoïste en 2008) et le Parti. Si une direction révolutionnaire émerge et qu’ils ne peuvent l’empêcher, alors leur heure a sonné… et vient celle, peut-être, d’une “solution chilienne” (Pinochet 1973) ! Les tenants de la ligne révolutionnaire au Népal doivent, absolument, éviter les erreurs fatales, comme celle d’une stratégie exclusivement insurrectionnelle urbaine, qui ne les mènerait qu’au même massacre que les communistes chinois en 1927. Ils doivent, d’ores et déjà, se préparer à la Longue Marche et au Yenan, au repli tactique du flambeau révolutionnaire vers la sécurité des zones montagneuses… Au niveau de la pensée, avec l’article de Biplab, la Guerre populaire vient de renaître (qu’importe si lui-même revenait sur ses propos, ou ne les assumait pas : son article est le marqueur d’une réalité, d’un sentiment présent dans les masses avancées du pays). Mais cela, la classe dominante ne va pas tarder à le comprendre, et il faut à tout prix éviter qu’elle n’écrase le bourgeon à la naissance !

Source- Servir Le Peuple, Mercredi 6 juin 2012

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