Des femmes guides de safari prennent les rênes dans le parc national de Chitwan
Par Ramesh Kumar Paudel
Les guides féminines laissent une impression durable dans l’industrie, mais elles restent encore exposées aux commérages et au harcèlement. Les guides gagnent entre 20 mille et 40 mille roupies par mois.
Samjhana Tiwari guide des touristes dans le parc national de Chitwan était en congé maladie dimanche, mais elle a reçu un appel : des visiteurs demandaient expressément sa présence.
Elle a alors pris ses jumelles et s’est rendue à la porte du parc, laissant chez elle son bébé de 16 mois.
« J’aime mon travail », dit Tiwari, 27 ans.
Elle était le choix des visiteurs parce qu’elle avait déjà guidé une équipe d’expatriés népalais vivant en Australie, avant la pandémie de Covid-19.
Le métier de Tiwari demande une grande implication et des efforts intenses. Conduire les touristes dans la forêt est également un défi.
Le parc national de Chitwan et les forêts environnantes abritent des centaines de prédateurs sauvages comme le tigre du Bengale, le rhinocéros unicorne, l’éléphant d’Asie, entre autres. Les visiteurs comme les guides peuvent à tout moment devenir la proie de ces bêtes.
« Toutefois, il est de la responsabilité des guides de protéger les visiteurs contre les risques potentiels, en comprenant le comportement des animaux et en éduquant les invités sur la flore et la faune rares des forêts », explique Tiwari.
Les guides reçoivent une formation au début de leur carrière. Les guides touristiques à Chitwan ont été fortement touchés par la pandémie, beaucoup ayant perdu leur emploi alors que le nombre de visiteurs pour les safaris était tombé à zéro.
Le nombre de guides de safari a chuté de 800 à 400 pendant et après la pandémie. Cependant, le nombre de femmes guides reste faible.
Dhami, président de la Nature Guide Association de Chitwan, indique qu’il n’y a que 10 femmes ayant reçu la formation pour les safaris dans la jungle.
L’une des difficultés rencontrées par les guides féminines est la condescendance et parfois les remarques dégradantes de la part de leurs collègues masculins dans l’industrie.
« Nous entendions déjà ce genre de propos irrespectueux dès nos journées de formation », déclare Ashmita Godar, guide depuis cinq ans. « Mais cela ne nous affecte pas vraiment. Nous faisons notre travail au quotidien et prouvons notre compétence en tant que guides de safari. »
Doma Paudel, l’une des guides féminines les plus expérimentées, a obtenu son permis en 2007 et est devenue une source d’inspiration pour beaucoup. Paudel raconte avoir eu la chance de participer à un voyage d’un mois pour guider une équipe d’étrangers réalisant un documentaire sur la conservation des forêts et les communautés autochtones.
Mais ce poste, Paudel ne l’a pas eu facilement. Elle a dû convaincre des employeurs sceptiques quant à sa capacité à être guide de safari, en raison de sa petite taille.
Au début, ses supérieurs hésitaient à lui confier des groupes de touristes. Elle n’obtenait que rarement la permission d’emmener des visiteurs pour des visites d’une demi-journée.
Peu à peu, elle a fait ses preuves et a pu diriger des excursions d’une journée entière.
Désormais, elle accompagne aussi des groupes lors de circuits de plusieurs jours.
En environ quinze ans d’expérience, Paudel a vécu de nombreuses rencontres rapprochées avec la faune. Elle se souvient de plusieurs occasions où son groupe a été poursuivi par des rhinocéros unicorne.
« Le métier de guide forestier est rempli d’aventures et de défis. Bien sûr, des formations régulières nous aident à mieux réagir dans ces situations d’urgence », dit-elle.
Bimita Bhandari, une guide de 28 ans originaire de la municipalité de Khairahani-13, de district de Chitwan, trouve aussi ce métier exigeant mais fascinant. Voyant ses succès, son grand frère a lui aussi suivi la formation de guide de safari.
Les femmes guides de safari font leur chemin. « Elles laissent une forte impression dans le secteur », affirme Jitu Tamang, ancien président de la Nature Guide Association, qui a introduit la formation pour les femmes guides.
« Elles restent néanmoins vulnérables aux commérages, au harcèlement de rue et aux mauvais comportements. »
Les guides féminines gagnent entre 20 mille et 40 mille roupies par mois. Après la pandémie, elles ont eu du mal à retrouver leur emploi.
« En raison des licenciements, beaucoup de femmes guides ont changé de profession », indique Paudel « Les femmes peuvent être d’excellentes guides, mais elles ont besoin de formations régulières. »
(Écrit par Ramesh kumar Paudel en népalais. Traduit en français par Dadi Sapkota et corrigé par Chantal Domage).