Médias et journalistes pris entre deux feux au Népal

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Les locaux de Radio Parasi, dans le sud du pays, ont été attaqués dans la soirée du 25 novembre 2015. Le média avait été la cible de nombreuses menaces liées à sa couverture du mouvement de protestation de la minorité ethnique Madhesi.

Le 25 novembre dernier, aux alentours de 23 heures, la radio népalaise Radio Parasi a été la cible d’une attaque à la bombe. Ses locaux, situés à Parasi, dans le district de Nawalparasi (sud du Népal), ont été gravement endommagés. Si aucun employé du média n’a été blessé lors de l’attaque, la radio a suspendu sa diffusion pour un temps indéfini. Les responsables de cet attentat n’ont pas été identifiés. Une enquête de la police de Nawalparasi est en cours.

Le directeur général de la radio, Meghraj Gautam, a fait état de nombreuses menaces liées à la couverture du mouvement de la minorité ethnique Madhesi, accusant Radio Parasi de diffuser des contenus pro-gouvernementaux. Le Népal est depuis quelques mois le théâtre de confrontations entre le gouvernement et ces habitants des plaines du sud, frontalières de l’Inde (connues sous le nom de Teraï), historiquement défavorisées.

« RSF condamne l’attaque des locaux du média Radio Parasi et demande aux autorités de mener une enquête indépendante et approfondie afin d’identifier au plus vite les responsables et de les traduire en justice, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Il est intolérable que les médias et leurs journalistes, qui ne font que leur travail d’information, se retrouvent pris entre les feux du gouvernement et ceux des militants ethniques. »

De nombreuses exactions ont été commises contre des acteurs de l’information lors de manifestations organisées par les minorités des plaines du Sud – Madhesi et Tharu – pour signifier leur désaccord avec la nouvelle Constitution du Népal, qu’ils estiment marginalisante à leur égard. Ces quatre derniers mois, journalistes et médias ont subi l’hostilité des forces de l’ordre comme des manifestants.

Le 10 août 2015, le reporter de Bulbule FM à Surkhet, I Singh Rokaya, a été touché à la jambe par une balle de la police lors d’une manifestation. Le 7 septembre, des membres des forces de l’ordre ont tabassé le photojournaliste Bikram Rauniyar, également correspondant pour Mountain Television. Le 22 novembre, des policiers ont violemment pris à partie les journalistes Om Prakash Shah de l’hebdomadaire Bilochan, Shatish Datt de l’hebdomadaire Mithila, Ashutosh Prasad Singh de la radio C FM, ainsi que Parish Karna deChandra FM alors qu’ils photographiaient le corps d’un manifestant tué par la police dans la région des plaines du sud.

Le 9 septembre, Jitendra Narayan Yadav, correspondant du quotidien national Gorkhapatra, et Navin Karn, correspondant pour Makalu Television, ont été attaqués par des manifestants. Quelques jours plus tard, le domicile du photojournaliste Ram Sarraf a été ciblé par une attaque au cocktail molotov. Le 20 novembre dernier, Irfan Ali, reporter pour la chaîne News 24, a été attaqué à Birgunj, près de la frontière indienne, par des cadres du United Democratic Madhesi Front (UDMF).

Plusieurs véhicules de médias ont été vandalisés par des militants, notamment ceux des quotidiens Annapurna Post, le 23 août, etNagarik, le 2 septembre. Des militants Tharu ont également brûlé des exemplaires de l’Annapurna Post à Biratnagar, dans le sud-est du pays, et du quotidien Sanskar Khabar à Bara. La station de radio locale Phoolbari FM a elle aussi été incendiée le 25 août 2015 à Tikapur, dans l’ouest du Népal.

Le Népal occupe la 105e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières.

(source –http://fr.rsf.org/chine-medias-et-journalistes-pris-entre-27-11-2015,48589.html)

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