Fromage, vin et charcuterie népalaise : l’histoire d’un Français tombé amoureux de Katmandou

 

Par Sonia Awale

« C’est Katmandou ! » C’est par ces mots enthousiastes que le grand-père de François Driard annonça la nouvelle affectation diplomatique de ses parents, à l’été 1996. Il avait 18 ans, un esprit déjà bohème, et cette destination allait bouleverser sa vie.

« En France, dans les années 90, Katmandou avait une aura mythique », se souvient-il. Driard découvre la capitale népalaise lors des fêtes de Noël, en rendant visite à son beau-père, alors ambassadeur de France, Michel Lummaux. Ce voyage sera le premier d’une longue série avant une installation définitive.

« C’était un autre monde. J’aimais tout : la nature, les gens, les temples, les arbres. » Il parcourt le Népal assis sur le toit des bus, tombé sous le charme d’un pays encore peu urbanisé. Aujourd’hui encore, malgré les embouteillages et la croissance urbaine, il affirme que « Katmandou n’a rien perdu de son âme ».

Après une carrière de journaliste économique pour des publications internationales, Driard décide de changer de vie. En 2007, il revient à Katmandou avec 20 000 € en poche. Objectif : créer quelque chose à lui.

Gourmand, amateur de nature et de grands repas en famille, il se tourne naturellement vers l’alimentation. Il fonde Himalayan French Cheese et part se former à la fabrication de la tomme de Savoie dans les Alpes françaises.

« Le fromage, c’est un savoir-faire ancestral. Pas besoin d’un gros capital ni de longues études, ce que je détestais. Avec un feu et un tamako bhado, on peut commencer », raconte-t-il. Mais les conditions népalaises — chaleur et humidité — ne sont pas idéales, même en altitude.

Ses premiers clients ? Le Hyatt Regency et le concept store Nina and Hager. Mais dans un pays où seuls le churpi (fromage dur de l’Himalaya) et le paneer étaient connus, il lui faut éduquer les consommateurs.

Driard commence au marché du week-end du Summit Hotel, puis crée son propre marché fermier, aujourd’hui installé au Sherpa à Maharajganj et au Labim Mall à Pulchok. Il installe des laiteries à Nuwakot et Dhulikhel, puis une fromagerie de yak à 3 379 m d’altitude, à Ramechhap. Son bleu de yak y décroche une médaille d’or en France, donnant à ses créations une reconnaissance internationale.

Il produit aujourd’hui 25 variétés de fromages et forme chaque année de jeunes apprentis venus de France. « En France, on fabrique souvent le même fromage depuis des générations. Moi, j’invente. Je demande à mes étudiants de m’apporter des idées nouvelles. »

Mais Driard ne s’arrête pas au fromage.

Charcuterie et vin au menu

Fidèle à son esprit d’artisan, il développe une gamme de charcuterie : le Meatini, composé de bacon, jambon, saucisses et pâtés, servis chez Emilio’s Pizza, une oasis verte à Lazimpat. Son autre projet, South Side, est sans doute l’un des plus petits bars à vin du monde, installé à Moksh.

« Ce que j’aime, c’est le processus. Pour le fromage, la viande et le vin, il faut la même température : 12 °C et 80 % d’humidité. »

Parmi les spécialités d’Emilio’s : une pizza aux huit fromages, et une autre garnie à la mode bhoutanaise — en réalité une préparation népalaise à base d’abats frits. Une petite succursale a ouvert à Pokhara, au Courtyard.

Aujourd’hui, Driard possède deux marchés, deux fromageries, une boucherie, une boulangerie, un bar à vin. Son prochain défi ? Créer un vignoble népalais, et lancer une activité d’agrotourisme, pour offrir aux visiteurs une immersion entre fromage, vin et nature.

Une vie à la française, au rythme népalais

En 20 ans passés au Népal, il n’a pas toujours connu le succès. Mais il a appris. Et surtout, il n’a jamais perdu sa passion.

« J’ai prouvé qu’avec peu, on peut faire beaucoup au Népal », affirme-t-il. « En France, une fromagerie coûte facilement un demi-million d’euros. Moi, j’ai investi dix fois moins. »

Le Népal lui offre aujourd’hui un cadre idéal pour vivre à sa manière : manger lentement, en plein air, discuter longuement, et faire les choses bien, à son rythme.

(article et les photos principal tiré du Nepali Times

https://nepalitimes.com/here-now/fromage-vin-et-charcuterie-nepalais?fbclid=IwY2xjawJ6CENleHRuA2FlbQIxMABicmlkETFZYnhNVVdMWk41a0FaVkNIAR7_xIpRQcbeTUj0M29w-MZaC1gq3LKH3gRYPVcRUWcwua-6UYkYnYnMDIRVLw_aem_xm7UgHtE9aqzr3nm2Wn0rg)

Commentaires